LES ORIGINES DU PROJET



- L’école des Fourmis est née à l’initiative d’une Fourmi. Aujourd’hui, elle est portée, avec sens,  par un colonie forte de Fourmis coopératives, créatives  et dynamiques. -

                                 Vidéo de présentation EUDEC France

Mes motivations personnelles:

L’intérêt que je porte à l’Apprentissage s’est ancré dès mon plus jeune âge. J’ai eu l’opportunité de grandir dans une école créée par ma mère, à côté de la maison, en Afrique centrale. J’ai pu y sentir, l’engagement, le plaisir du partage, y voir la créativité,l’énergie et la coopération déployées par mes parents et leur entourage pour faire naître et vivre un tel projet.
Intégrant une classe de sixième, en France,après avoir voyagé, un questionnement: « Comment est- ce que j’apprends? ». Puis rapidement, Comment les autres apprennent? Quels points communs et quelles différences? Quels professeurs enseignent efficacement? Pourquoi? Qu’est ce qui marche ou pas… L’intégralité de mon parcours scolaire de cette entrée en sixième à la fin de mes études supérieures m’a servie de centre d’observation et d’études des apprentissages. Tous les autres apprentissages n’ont été qu’accessoires pour moi. Une rencontre bonus a nourri mes observations: un couple d’enseignants qui nous initie, brièvement, à la gestion mentale durant un voyage de classe en cours de sixième. Première porte ouverte, pont entre les apprentissages et le fonctionnement du cerveau. 
Au lycée, premières expériences en tant qu’initiateur de gymnastique dans un club pour des enfants de 4 à 6 ans.
Une évidence très précoce, faire des études pour aboutir à l’enseignement. Mais c’est sans compter l’équipe enseignante (un comble) qui en fin de lycée a tout fait pour me dissuader de devenir enseignante étant donné mon parcours scolaire. Je pouvais, donc il fallait faire ‘’mieux’’. Une année d’orientation non adaptée en pharmacie. De bons résultats mais pas la bonne voie. Une réorientation, toujours en biologie (une autre passion), pour intégrer une voie qui me permettrai d’accéder à l’enseignement. Mes camarades d’université incrédules ont d’abord cru à une blague… tous profondément marqués par les attentes de leurs parents et le poids de la société.
 J’obtiens le niveau d’étude nécessaire pour intégrer l’IUFM. Après dix ans d’attente, enfin, il est possible d’intégrer des études permettant d’approfondir et d’échanger autour de l’éducation et des apprentissages (en tout cas, je l’imaginais ainsi).

Mes motivations  professionnelles:

J’ai donc intégré l’IUFM de Paris. Une première année riche, de belles rencontres un groupe de travail solidaire pour préparer le concours d’enseignement. La découverte, par des recherches personnelles, d’une multitude de pionniers de l’éducation.
Un concours brillamment réussi puis une deuxième année. Déception, tout ce qui pouvait être intéressant nous avait été rapidement transmis en début de première année et la majorité des adultes en formation estimaient avoir déjà rempli leur mission: réussir le concours. Plus rien à partager avec eux…Pas de passion, rien à construire ensemble… Au milieu de batailles d’ego, quelques belles rencontres d’enseignants membres du GFEN et d’enseignants en formation, amis (dont une partie que je retrouverai plus tard en unschooling).
Passionnée, j’explore toutes les portes tout juste entrebâillées lors de la formation. J’ai décidé de voir ces deux années comme une chance, une parenthèse pour explorer, rechercher. Je les ai savourées et ai utilisé chaque instant intensément pour nourrir mes recherches et réflexions avant d’entrer sur le terrain, et avoir potentiellement le nez dans le guidon les premières années.
Ca y est, je suis professeur des écoles. Je fais le choix d’être professeur remplaçant pour mon début de carrière pour pouvoir faire le tour d’un maximum d’établissements scolaires, de découvrir divers fonctionnements d’équipes éducatives, d’organisations de pédagogies avant de m’installer dans un établissement, dans ‘’ma’’  classe. Un choix atypique car à la sortie de l’IUFM, la majorité espérait une classe bien à eux pour y mettre en place leur vision de l’éducation, indépendamment des autres.
Ces années ont été très formatrices. Elles ont malheureusement le plus souvent nourri mes réflexions par « ce qu’il ne faut pas faire ». J’ai découvert les violences, sous toutes leurs formes, permises par ce système de fonctionnement, infligées à eux même par les enfants, les familles, les enseignants et la société.
Lorsqu’on intègre l’éducation nationale, la première chose que l’on se doit de partager c’est l’idée que le manque de moyen est la cause de toutes nos difficultés. Deux mois de prise de poste et déjà les premières grèves pour demander plus. Rapidement je comprends que les moyens (particulièrement sur Paris) ne sont pas le problème. 
Le manque de cohérence dans l’accompagnement des élèves et dans la pédagogie proposée qui ne se fonde sur aucune philosophie, me semble être un problème majeur et non résiliable dans ce système.



Mes motivations parentales: 

Une de mes enfants a été scolarisée à l’éducation nationale pour ses deux premières années de maternelle. Tout s’est bien passé. Un peu trop bien peut être. Elle s’est parfaitement moulée à ce qu’on attendait d’elle.
Un premier cauchemar à 4 ans: « J’ai cru que j’avais un bonhomme orange (outil d’évaluation des compétences des enfants)! j'ai eu très peur! ». Premier constat, dans ce système, mon enfant apprend en ayant peur de l’échec… premières interrogations. Ce ne sont pas des valeurs portées dans notre famille. 
Les valeurs familiales ne suffisent donc pas face à la puissance d’une structure scolaire si imposante.
Un peu plus tard, passant devant une affiche indiquant la présence d’une exposition sur les minéraux et les insectes dans la ville voisine, je propose à ma fille,(toujours 4 ans) d’y aller. « Ce n’est pas la peine maman, la maitresse n’a pas décidé que nous apprenons ça cette semaine. » Deuxième constat, mon enfant remplit parfaitement son ‘’métier d’élève éducation nationale’’, à savoir être un réceptacle de savoirs prédéfinis et organisés par l’enseignant.
Troisième constat, mon enfant se collectivise mais se socialise peu. Le vivre ensemble ne fait pas parti des fondamentaux: les enfants apprennent à se faire discret ou au contraire à dominer pour trouver une place dans le groupe. Le vivre ensemble n’est pas construit et questionner avec tous. L’adulte à tout autorité, souvent subjective même si faite de bonne foi et la règle du ‘’pas vu, pas pris’’ fait loi.

Il est évident qu’une partie des enseignants exerçants  dans les établissements classiques proposent des choses intéressantes, parfois dans la bienveillance. Il n’est cependant pas envisageable à mon sens de livrer la qualité, la bienveillance et la cohérence de l’éducation d’un enfant  au simple fait du hasard.

Mes questionnements, expériences, observations et valeurs m’ont naturellement amenées à imaginer ce que pourrait être un lieu éducatif bienveillant, respectueux de toute la diversité des enfants. Un lieu qui permette aux enfants d’imaginer, créer et s’approprier des outils permettant l’autonomie, la construction consciente et active de savoirs et savoir-être sur un chemin qui leur convienne. Un lieu où ces multiples apprentissages se conçoivent de manière libre et responsable.

J'ai découvert dans la foulée qu'en France nous avions la liberté d'ouvrir une école. 

Après avoir imaginé cette école, je l’ai créée en septembre 2010 et les enfants se la sont appropriée. 
Aujourd’hui, à l’initiative des enfants, avec leur énergie, celle des adultes accompagnant dont je fais partie et la belle énergie du groupe de parents, l’extension aux classes de collège est en chemin.

Nathalie Lamplé